Si l’on ne naît pas femmeuse, on le devient…

Femmeusesaction #19, final/ment/seule est une parenthèse féministe jubilatoire de Cécile Proust. Un spectacle qui s’assume comme tel, engagé, « intello » sans l’être. Empli de références sans les sacraliser. Pour néophyte comme pour féministe engagé-e… une superbe performance où l’on ne s’ennuie pas un instant. Conférence décalée entre sa rencontre avec Beatriz Precido et l’expérience de ses ateliers drag king, les citations de Monique Wittig ou de Judith Butler dont les oeuvres sont brandies par une improbable femme-chauve-souris à son pupitre. L' humour est savamment dosé, à lire au premier et second degré. Référence connue ou inconnue, peu importe, elles sont abordables. Plongée féministe pour certain-e-s, on navigue avec bonheur entre autobiographie et figures tutélaires ou inconnues, entre histoire et expérience vécue. Découverte, électrochoc pour d’autres sûrement. Seule en scène, l’artiste nous livre ses souvenirs, ses femmeuses expériences, interpelle le public. Un petit « cadeau » surprise lui est distribué avant même le début de la représentation, s’ensuivent les recommandations : voir la totalité des vidéos féministes à la fin de la représentation, de celles de Carole Roussopoulos aux précédentes Femmeusesactions dont des extraits éveillent notre curiosité, mais surtout signer le Manisfeste contrat sexuel de Beatriz Preciado, si ce n’est à son instar tenter l’expérience de prise de testostérone... enfin suivez son conseil, voyez le résultat avant…
Une certitude, nous nous laissons embarquer dans une histoire qui restera marquante, où le militantisme, la recherche, le message libre pour tous n’entame en rien la notion de plaisir. Une notion que la scène contemporaine oublie parfois mais qui du bien aux êtres primaires que nous sommes.
Je ne sais si Femmeuse deviendra un « label » comme un spectateur en a avancé l’hypothèse lors de la discussion entamée à la suite de la représentation angevine du 2 février 2010, si l’on assiste à la naissance d’une tendance où d’une école, celle du féminisme, de l’art, du plaisir militant conjugués. L’idée est plaisante d’autant plus que Cécile Proust fait figure de pionnière femmeusement libre, libre dans les rencontres, les concrétisations ou non, sans importance, sans imposer une quelconque maternité. Femmeuse libre de re-naître ailleurs. Le féminisme certes mais également l’instinct, la rencontre, le plaisir, le désir sont autant de moteurs pour l’artiste.
Toujours est-il que l’on a envie de signer un amicalement féministe mêlé d’un sourire jubilatoire en souvenir de la soirée de la veille et qui se traduit si bien par un…
FEMMEUSEMENT,

Pauline Boivineau